Entre la fin de l’année 2016 et la fin du 3ème trimestre 2017 (chiffres disponibles), les dirigeants de la BNS ont accru le volume des devises détenues par l’établissement de 65 milliards de francs environ. En 9 mois seulement…. | |
Selon eux, ces investissements se justifient par le franc suisse qui serait trop fort face à l’euro. Et pour l’affaiblir, il faut acheter de l’euro, mécanisme qui expliquerait la croissance du bilan.
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Le tableau qui synthétise les placements de devises de la BNS nous incite à nous intéresser non pas à une monnaie, mais à 2: l’euro et le dollar. De plus, pour bien saisir l’ampleur des interventions, il faut travailler avec les chiffres en devises, et non en franc, afin de neutraliser l’effet des taux de change durant la période étudiée. Ainsi:
La BNS ne mène donc pas la politique que l’on aurait imaginée. Non seulement, elle n’a pas acheté d’euros pour dévaluer le franc, mais elle en a vendus! Or, malgré ceci, l‘euro gagne un sacré terrain en 12 mois face au franc suisse! Face à ce constat, les messages répétés autour d’une politique de franc fort face à l’euro peuvent être assimilés à de la simple propagande, puisque non validés par les observations! |
EUR/CHF, March 2017 - Jan 2018(see more posts on EUR/CHF, ) |
Cette dégringolade du franc face à l’euro est menée non par la BNS, mais par les acteurs du marché financier. Il en résulte un accroissement du volume-euro, mais seulement une fois traduit en franc suisse. Celui-ci passe, de 309 à 320 milliards de francs, et ce malgré la vente des 9 milliards d’euros. Ces 11 milliards iront nourrir la caisse des bénéfices annoncés.
En revanche, côté dollar, malgré ses achats massifs de la monnaie de l’oncle Sam, celle-ci poursuit son trend baissier face au franc suisse, et ce malgré l’embellie, très utile sur le plan comptable, de fin d’année 2017. |
USD/CHF, March 2017 - Jan 2018(see more posts on USD/CHF, ) |
Du coup, les suppléments d’acquisition de dollars estimés à 41 milliards de francs dans la colonne dollar, ne représentent dans la colonne franc suisse que 32 milliards. Nous constatons donc que la détention de dollars génère des pertes sur le change…
En résumé, la politique d’achat de devises de la BNS ne corrobore pas son marketing à destination du grand public. Plus intéressant, elle ne semble pas avoir d’emprise directe sur la valeur du franc suisse….
Quant à ses investissements outre-Atlantique, avec ce volume fantastique de dollars, la BNS poursuit ses emplettes dans la bourse flamboyante de Wall Street, dont l’atterrissage sera, un jour ou l’autre, fracassant… |
Dow Jones Industrial Average, 1980 - 2015 |
Se souvenir aussi que la BNS investit aussi dans les dettes publiques US -20.000 milliards de dollars- qui ne pourront tout simplement être remboursées. Celles-ci trouvent, malgré tous les dangers, preneur en la personne des dirigeants de la BNS. Un pouvoir politique digne des plus grands gouvernements de la planète revient à une poignée de personnes... Tout irait bien, si les risques que l’équipe fait porter à la population entière n’était pas si inquiétant.
Voici une information pour illustrer le jeu dangereux joué par nos amis de la BNS:
« L‘agence de notation chinoise Dagong a dégradé mardi la note souveraine des Etats-Unis de A- à BBB+ avec perspective négative, en raison de la hausse de la dette publique américaine.
La dépendance croissante à un mode de développement économique fondé sur l‘endettement va continuer à miner la solvabilité du gouvernement fédéral américain, estime l‘agence de notation. » (Reuters, L’agence chinoise Dagong abaisse la note des Etats-Unis à BBB+)
Et de poursuivre “La solvabilité virtuelle du gouvernement fédéral deviendra vraisemblablement le détonateur de la prochaine crise financière”. Au fait, Dagong est l’agence de notation du principal créancier américain…
En conclusion, retenons que la BNS vend des euros, ce qui n’empêche pas la monnaie de prendre l’ascenseur face au franc. Sa stratégie d’investissements met l’accent sur les Etats-Unis. Ce faisant, la BNS cumule trois sources de risques majeurs sur ses devises en dollar américain: Le taux de change, le potentiel défaut de paiement sur les dettes publiques américaines, et la surestimation des valeurs boursières…
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