Quelle est la raison profonde – intime –des crises financières ? Comment sont provoqués les kracks et pourquoi les bulles implosent-elles ? Toujours pour une simple et unique raison qui est que les paris irraisonnés et démesurés entrepris par le monde de la finance le sont avec de l’argent emprunté ! Le dernier épisode de crise grave – les subprimes – n’ayant à cet égard pas failli à cette règle élémentaire d’un secteur bancaire repu, toujours et éternellement préoccupé de majorer ses profits, mais qui finit par imploser sous le poids d’un levier contracté faramineux. Culture de la dette et du risque à outrance mise en pratique par plusieurs générations de banquiers considérant l’augmentation régulière de leur bonus année après année comme un fait acquis, voire naturel. Pour ce faire –gagner toujours plus-, c’est l’ensemble de cette corporation qui s’est retrouvée à la manœuvre pour développer comme à l’infini le bilan de leur banque-employeur et en récolter logiquement les fruits sonnants et trébuchants. Ainsi, Citigroup – qui avait mis un siècle à parvenir en 2001 à un bilan de 1’000 milliards de dollars- put-elle le doubler en six ans puisque celui-ci avait atteint la taille de 2’000 milliards en 2007, juste avant les subprimes.
Il faut nourrir la bête, donc, et tout le monde s’est mis à ce petit jeu fort lucratif, même les émegents et les nations en développement qui ressentent aujourd’hui rudement le choc des endettements tant privés que publics. C’est donc la course globalisée aux profits qui règne sur le monde depuis le démarrage de ce millénaire, mais à condition évidemment que ces bénéfices soient engrangés le plus rapidement possible. Dans cette optique, il va de soi que les investissements à destination de l’économie réelle – rentables sur le moyen voire le long terme – sont totalement délaissés au profit de tous les instruments à même de cracher des profits sur le très court terme. Un tel paradigme – combinant l’endettement, le levier et la raréfaction des investissements productifs – a donc imposé la nécessité de politiques monétaires révolutionnaires – en tout cas inédites – dont l’objectif est de venir au secours d’une économie cruellement en manque de liquidités.
En effet, les baisses de taux quantitatives n’ont été lancées et amplifiées qu’à la faveur d’un constat sans appel, qui est que seule la création monétaire serait susceptible de tirer nos économies de la torpeur où les ont plongées et la déficience des investissements et la croissance hyperbolique d’un système financier parasitique. Et pour cause: tous ces artifices – qui appartenaient à l’arsenal théorique des banques centrales – étaient considérés avec une sorte d’effroi jusque là car suspectés d’attiser l’hyperinflation. Près de dix ans après la plus grosse crise financière depuis la Grande Dépression, après plusieurs trillions de dollars, d’euros, de yens et de yuans créés à partir du néant, nos banquiers centraux donneraient beaucoup pour obtenir un taux d’inflation de seulement 2% au sein de nos nations occidentales étouffées par une stagnation caractérisée – voire causée – par une absence morbide d’inflation.
C’est en fait à un autre mal bien plus insidieux qu’elles sont désormais confrontées, celui-là même que le Japon tente désespérément de combattre sans succès depuis vingt ans : la déflation. Le lien de cause à effet entre la masse monétaire et les prix a effectivement été rompu à partir du moment où les banques ont cessé de prêter à l’économie pour se concentrer sur le casino planétaire qui leur permettait de multiplier des profits tout aussi virtuels que massifs. Voilà pourquoi les records des mois et des années précédents enregistrés sur les marchés boursiers étaient aberrants. Voilà également pourquoi ils appartiennent aujourd’hui à des temps révolus. Car on ne peut indéfiniment et impunément spéculer, jouer, se payer avec de l’argent fictif. Aujourd’hui, Wall Street rejoint enfin Main Street dans son infortune.
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